Faire le tour de la Gaspésie, c’est déjà un cliché.
En voici d’autres à propos du voyage en Gaspésie. Photographier le rocher Percé sous tous ses angles. Être abasourdi par le nombre et les cris ahurissants de la colonie de Fous de Bassan nichant sur l’île Bonaventure. Se laisser charmer par l’accent chantant des Gaspésiens. Tomber en pâmoison, entre mer et montagnes, devant les paysages à couper le souffle (et les jambes) sur le côté nord de la Gaspésie. Rencontrer des ours ou vouloir à tout prix les fuir en se baladant au parc Forillon. Apercevoir la nageoire dorsale d’un petit rorqual émergeant des flots, la queue blanche d’un rorqual à bosse plongeant dans le golfe ou un phoque se prélassant sur un rocher à marée basse. Humer à plein nez le parfum envoûtant des lilas en fleurs à la fin du mois de juin entremêlé aux effluves salins venant du large. Résister au froid qui perdure et au vent déchaîné. Devenir le terrain de jeux de prédilection des maringouins et des mouches noires. Contempler en état d’ivresse toutes les nuances de bleu et de vert qu’offre la mer.
Mais une fois les clichés éculés que reste-t-il?
Quand le regard anticipe déjà le paysage à venir, quand les sens sont en attente de sensations prévues, quand une fois sur place tout ce qui a été programmé prend sa pleine dimension, sommes-nous autre chose que le spectateur bien sage devant une mise en scène de la réalité, que le consommateur qui, rapidement, passe à la prochaine pose? Est-ce que chacun de nos gestes, aussi vrai et senti soit-il, n’a pour but que de nous mettre, nous aussi, en état de représentation? La surabondance d’images et d’informations convergentes conditionne-t-elle notre façon d’appréhender le réel?
Et s’il suffisait seulement de faire le pas de côté, celui qui change l’angle de perception, qui modifie notre rapport au monde, qui ancre en nous un état de présence sensible au non-vu, à l’invisible, au mystère… Ou est-ce encore un cliché?
Et pour finir, quelques clichés photographiques:
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