2 mois, 2500 kilomètres, Europe de l’est

Depuis 3 jours, nous roulons en Europe de l’Est. Après un passage éclair à Bratislava en Slovaquie, nous sommes à présent en Hongrie. Nous avons donc quitté les pays germanophones : Suisse, Allemagne et Autriche. Voilà un peu plus de 2 mois que nous avons entamé notre périple. Nous avons franchi la barre des 2500 kilomètres il y a quelques jours. Nous sentons que nous entrons dans une nouvelle aventure. À suivre…

Voici quelques images glanées ici et là en Autriche.

wp-1466620629040.jpg

À notre entrée en Autriche, nous nous trouvons en forêt.

wp-1466620910923.jpg

Village autrichien sur le bord du Danube

wp-1466620754021.jpg

Sur un des traversiers qui nous permettent de passer d’une rive à l’autre

wp-1466620476714.jpg

Piste cyclable le long du Danube

wp-1466620548521.jpg

Linz

wp-1466620220371.jpg

Château surplombant le Danube

wp-1466620076053.jpg

Vignobles de la vallée de la Wachau

wp-1466619988113.jpg

Porte de la vieille ville de Krems

wp-1466619817924.jpg

Vue depuis la vieille ville de Krems

wp-1466619677510.jpg

Soirée orageuse à Vienne

 

Vienne, Sissi et moi

J’ai presque 7 ans quand la télévision en couleurs prend place dans notre salon. Au moment même où nous suivons la série télévisée sur Sissi, impératrice d’Autriche. Dèjà, j’étais en pâmoison devant Sissi. Même dans ses habits gris et blanc, Romy Schneider m’envoûte. Alors quand je la vois resplendissante dans ses robes chatoyantes et richement ornées, c’est le coup de grâce. Plus tard, quand je serai grande, moi aussi, je serai une princesse.

Il y a deux jours, nous étions à Vienne. Nous avons visité les jardins et le palais Schönbrunn, résidence des Habsbourg, là où Sissi et François Joseph ont vécu. Dans la grande galerie, j’avais à nouveau 7 ans : une princesse valsant avec son prince charmant. Mais cela n’a duré qu’un instant. L’instant d’une bien courte illusion. Les salles ont défilé, plus fastes les unes que les autres. Un charmant décor de maison de poupées. Une vie factice où l’esthétique primait. Et même si Sissi s’est rebellé contre la rigidité de la monarchie, paradoxalement, elle était le porte-étendard de toute cette magnificence. S’astreignant à des séances d’exercices, s’absentant la plupart du temps des repas familiaux, passant des heures dans son cabinet de toilette, à la fois esclave et tyran de sa propre beauté. À Schönbrunn, malheureuse, elle n’y faisait que passer et voyageait partout dans le royaume.

Je ne suis pas devenue une princesse. Au moment où j’écris ces lignes, je me réveille dans une toute petite tente, plutôt sale, la pluie tambourine au-dessus de ma tête et des dizaines de grosses limaces glissent sur les parois de la tente. Hier soir, j’ai mangé un couscous à l’eau additionné de purée de tomates. Je m’apprête à remettre mes vêtements de cycliste, humides, et que je n’ai pas pris le temps de laver hier soir, et à repartir pédaler sous la pluie pour 60, 80 kilomètres ou peut-être plus. La beauté, je n’ai pas à  m’y astreindre, elle vient à moi. Elle est à la fois en toute chose et dans le regard que je porte sur ces choses. Qui sait quelle forme elle prendra aujourd’hui. Comme Sissi, je voyage mais ce n’est pas seulement le point de chute qui m’importe, c’est tout le chemin. Et mon royaume, c’est le monde, les gens, la vie.

Je ne suis pas devenue une princesse. Quelle chance !

wp-1466359090921.jpg

Palais Schönbrunn à Vienne

 

 

Auf Wiedersehen Deutschland !

Au revoir Allemagne !

Au revoir les maisons au crépi coloré, couleur pastel, appuyées les unes sur les autres dans les villes et les villages, les clochers d’églises en forme de bulbe, les places et leur fontaine d’eau potable.

Au revoir les jardins fleuris luxuriants, les entremets légèrement sucrés comme repas du midi, les Jésus crucifiés sur leur croix de bois jalonnant notre parcours cyclable.

Au revoir les lièvres qui détalent devant nos roues, les familles de cygnes avec leurs petits au plumage gris ébouriffé, le coucou qui inlassablement répète sa question dans la forêt.

Au revoir la bande cyclable le long du Danube, souvent caché par de hautes digues en raison de débordements fougueux, les montées et les descentes dans les villages mais aussi sur des routes de terre dans les bois.

Au revoir les champs de houblon qui monte sur de très hautes tiges, les coquelicots qui embellissent de leur tache rouge tout le paysage, les falaises effleurées entre Tuttlingen et Sigmaringen.

Au revoir à tous ces gens qui nous ont accueillis et avec qui nous avons échangé anecdotes et histoires, avec qui nous avons ri, avec qui nous avons cuisiné, avec qui nous avons partagé le quotidien, avec qui nous avons parlé de nos cultures distinctes, avec qui nous avons établi une réelle connexion.

Au revoir Allemagne ! Alors que nous commencions à avoir nos repères, il a fallu se quitter. L’Autriche déjà nous attendait. Ça y est, les pays vont se mettre à défiler les uns à la suite des autres. Aurons-nous la chance d’en attraper quelques effluves ?

wp-1465631538254.jpg

Pause lunch

 

wp-1465631633007.jpg

Camping au bord du Danube

wp-1465631733509.jpg

Neuburg, Allemagne

wp-1465631839332.jpg

Monastère de Weltenburg

wp-1465631981425.jpg

Sur le traversier dans les gorges du Danube: de Weltenburg à Kelheim

wp-1465632145773.jpg

Depuis quelques jours, nous roulons enfin au fil du Danube.

wp-1465632310221.jpg

Regensburg

wp-1465632536612.jpg

Cathédrale de Regensburg

wp-1465632750797.jpg

Résidence du Kaiser (Roi) à Regensburg

wp-1465632622907.jpg

Napoléon a vécu ici à Regensburg (Ratisbonne)

wp-1465632894962.jpg

Cygnes sur la piste cyclable. Depuis le tout premier jour de notre périple, les cygnes nous accompagnent.

wp-1465884236742.jpg

Passau

wp-1465633052032.jpg

À Passau, dernière étape en Allemagne : confluence des 3 rivières l’Inn, l’Ilz et le Danube

 

 

les fraises qui n’ont pas de nom…

… n’ont pas de goût.

wp-1465631376488.jpg

Nous avons commencé à manger des fraises il y a un mois. Près de Lyon, il faisait beau et chaud et les fraises, goûteuses, se nommaient Ciflorette, Gariguette, Mara des bois, des noms de petites filles mutines. Et puis nous sommes remontés vers le nord et le froid. Et à un certain moment, les fraises ne s’appelaient plus que fraises et leur goût est devenu fade, voire insipide. Printemps tardif et trop pluvieux. Le soleil qui magnifie toute chose se terrait. Depuis que nous sommes en Allemagne, notre diète quotidienne comprend un gros casseau de fraises sans nom. Parfois délicieuses quand nous les achetons sur la place du marché ou directement à la ferme mais la plupart du temps manquant de saveur. Et si elles avaient des noms bien à elles, est-ce qu’elles seraient plus délectables ? Quand nous pouvons nommer les moindres détails de notre quotidien, nous l’enrichissons. Quand nous décrivons notre environnement avec minutie, nous l’embellissons. Quand nous nous racontons nos rêves et nos espoirs, nous leur pavons la voie. Ailleurs, dans un pays qui ne parle pas la même langue que moi, les quelques mots que j’arrive à prononcer en allemand laissent tout doucement leur trace sur mes papilles. L’anglais, cette langue partagée, nous permet d’entamer un dialogue entre nos cultures différentes, d’entrouvrir un espace pour nous rejoindre. Mais c’est lorsque nous sommes au plus près de notre propre histoire que le parfum qui émane de notre discours est le plus tenace. Depuis que nous avons quitté la France, les occasions de conter ont été rares. Dans un anglais quelquefois imparfait, j’ai pu transmettre, deux fois, des contes courts à nos hôtes. De ces histoires qui nous lient tous dans cet enchantement des sens, dans cet envoûtement aux mille et une saveurs. En France, conter participait à cette sensation de fluidité de la parole, de plénitude. Mon corps entier irrigué par ces trames tissées dans l’instant au fil des mots. Une parole à la fois nourrissante et savoureuse à dire. Alors, la saveur des fraises est-elle dans la chair ou dans l’anticipation que l’évocation de leur nom fait naître en nous ?

 

ceci n’est pas un reportage photo

Mille raisons nous poussent à ne pas prendre de photos. Ceci n’est donc pas un reportage photo :

– parce qu’il y a trop à voir mais surtout à vivre;

– parce que notre passionné de photographie est resté au Québec;

– parce que sortir l’appareil-photo de la sacoche de guidon n’est pas si aisé;

– parce qu’il a fait froid et que nos doigts étaient gourds;

– parce que nous n’avons pas toujours l’oeil pour sélectionner la bonne prise de vue;

– parce que trop souvent il a plu et que tout était gris;

– parce que nous ne voulons pas nous arrêter et casser notre rythme de croisière;

– parce que nous n’amassons pas des souvenirs pour plus tard, nous voyageons ici et maintenant;

– parce que nous oublions, tout simplement;

– et finalement, peut-être pour nous donner raison, parce que l’appareil-photo s’est mis à faire des siennes et qu’il ne fonctionne plus ou pas toujours.

Voici tout de même quelques clichés pris lors de notre court passage en Suisse le long du Rhin et au début de notre parcours en Allemagne en suivant les méandres du Danube.

wp-1464800009648.jpg

Hôtel de ville de Bâle

wp-1464799827000.jpg

Therwil, près de Bâle

wp-1464799572482.jpg

Barbecue dans la forêt de Therwil, près de Bâle, avec Nancy et ses collègues de l’école internationale

wp-1464799342835.jpg

Quand le sourire ne tient qu’à une fontaine d’eau de source

 

wp-1464798856806.jpg

Stein am Rhein : dernière ville suisse avant notre passage en Allemagne

 

wp-1464799061434.jpg

Dans la vieille ville de Stein am Rhein

wp-1464799203697.jpg

Toujours Stein am Rhein et ses fresques sur les devantures

wp-1464798708609.jpg

Indications routières en Suisse

wp-1464798012518.jpg

Aperçu du lac de Constance

wp-1464798226055.jpg

Quelque part en montant vers Tuttlingen

wp-1464798430512.jpg

Ça monte entre Radolfzell et Tuttlingen !

wp-1464797757602.jpg

1er pont traversé sur le Danube

wp-1464942047182.jpg

Le château de Sigmaringen

wp-1464942237480.jpg

En route vers Ulm