petit manifeste du voyage (et de la vie) à mon propre usage

pour un voyage (et une vie) d’exploration, de création et de partage

 

pour découvrir tous ces chemins possibles qu’ouvre la vie;

pour revêtir les habits des nomades et chausser leurs semelles de vent, inviter l’errance et l’imprévu;

pour vivre et apprivoiser notre liberté;

pour habiter un moment suspendu, hors du temps effréné, en s’accordant au rythme de la vie;

pour côtoyer l’immensité et tutoyer le vide;

pour cultiver ma présence au monde;

pour nous inventer une histoire commune, et dissemblable, en marge des représentations usuelles;

pour oser rêver;

pour renouveler, instant après instant, mon regard;

pour explorer les méandres de ma condition d’humaine face à moi-même et aux autres;

pour respirer à m’en rendre saoule et pour percevoir toutes les sensations de mon corps, vivant;

pour me réapproprier, au ralenti, un territoire déjà (ou non) arpenté et pour en absorber, peu à peu, les résonances sur ma géographie intérieure;

pour poursuivre ma réflexion sur le voyage, la liberté, l’imaginaire, les marges, le pas de côté, les chemins et sur cet élan de fuite, au coeur de ma vie et de ma démarche artistique;

pour ouvrir des espaces propices à la création, écriture et conte, par une mise en mouvement du corps et de l’imaginaire;

pour enchanter le monde et émerveiller le quotidien;

pour offrir mes paroles vagabondes: contes, récits, poésies;

pour accueillir et partager les rêves, les projets insensés, les aventures folles, le quotidien riche, la vie créatrice, les nouvelles expériences, les points de vue divergents de tous ces gens que ma route croisera;

pour rire, habiter ma folie et m’abandonner au vent changeant;

pour ces rencontres que j’espère…

embrasser le large

Du fleuve St-Laurent à l’océan Atlantique

à vélo de Warden à Halifax (et plus)

du 18 mai au 5 août 2018

 

Le St-Laurent m’appelle. Ses eaux, bleues, noires, profondes, immenses, m’attirent et m’aspirent. Ses vagues charrient mes espérances de prendre racine tout contre son rivage, mes envies de n’être que le vent du large caressant sans cesse ses flots, mes rêves d’habiter ma voix et mon regard, endimanchés de paroles vagabondes, ensemencés par un imaginaire à la dérive, si près d’échouer sur le barachois des mornes réalités.

Le St-Laurent m’appelle. Je l’entends se présenter fleuve, golfe, mer. Je l’entends se gonfler de prétentions. Et ne pas y croire. Je l’entends s’amuser à mes dépens: me souffler ses embruns un jour de grande froidure, faire lever un vent si fort que mes élans se cassent contre son mur, miroiter de mille feux pour me faire croire à l’enchantement possible du monde. Je le longerai sur ses battures, ses grèves, ses routes escarpées, sur ses caps aux espoirs renouvelés; il sera ma colonne vertébrale, le ventre sinueux sur lequel j’amarrerai mon cordon ombilical, l’échine sur laquelle je m’appuierai, mon berceau, ma voie que je longerai sur ma frêle embarcation à deux roues, roulant à côté d’une joie tel St-Denys-Garneau.

Le St-Laurent m’appelle. Son ressac résonne en moi: l’écho d’une mer intérieure peuplée d’une vie qui m’est encore inconnue, riche de trésors enfouis et oubliés, pleine à ras bord de ces incertitudes qui, en écartant les bras, ouvrent la voie. Le St-Laurent est large, tellement large, de plus en plus large, et ma vie aspire à toute cette démesure, mon souffle à s’arrimer au battement incessant de ses flots, mon être tout entier à embrasser le large.

Cet été, je repars à vélo avec mon fils Étienne pendant 11 semaines pour un voyage d’exploration, de création et de partage. Pour suivre ce fleuve qui se métamorphose en mer, l’itinéraire est plus ou moins fixé cependant que les étapes seront dictées par les rencontres, les possibilités d’accueil, notre rythme et l’air du temps. Si cela vous chante, vous pouvez donc nous accueillir et il me fera plaisir de partager avec vous quelques-uns de ces contes qui se sont lovés en moi ces dernières années. Ce 18 mai, nous partirons de la maison, de ce petit village à la jonction des Cantons-de-l’est et de la Montérégie, Warden. Par la piste cyclable la Campagnarde, nous rejoindrons Acton Vale et Drummondville. Puis, direction Victoriaville, le parc linéaire des Bois-Francs et la route verte no.1 jusqu’à Québec.  Par la suite, nous longerons la rive sud du fleuve jusqu’à faire le tour de la Gaspésie. Depuis Campbellton, nous côtoierons la côte est du Nouveau-Brunswick jusqu’à Moncton puis nous pousserons jusqu’à Halifax, Nouvelle-Écosse où Stéphane nous rejoindra. Pour les deux dernières semaines de notre périple, nous arpenterons, tous les trois sur nos petites reines, la péninsule à l’ouest d’Halifax. Et puis nous rentrerons à la maison, les vélos bien sagement installés sur le support de la voiture, le corps léger, la tête pleine d’histoires, le coeur libre, le regard vaste et la vie un peu plus large.