samedi après-midi à Blanzy

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Étienne au musée du camion de Montceau-les-Mines

Premier jour de congé depuis le début de notre voyage à vélo. 12 jours consécutifs à pédaler. 642 kilomètres au compteur. Notre plus longue distance parcourue en une journée : 94.38 kilomètres. Du froid, de la pluie, du givre, un peu de soleil. Des montées, des descentes, des balades paisibles le long de la Loire ou en bordure de canal. Du pain, du pain et encore du pain. Une chance qu’il est bon le pain français ! À tous les jours, des rencontres riches. Et le vélo qui permet au corps de tout digérer ça et d’imprimer, peu à peu, le paysage dans le corps.

Pour célébrer notre premier jour de congé, j’ai conté à la médiathèque de Blanzy devant une vingtaine de personnes. Chouette moment mis en place grâce à Catherine et au bon vouloir des instances municipales. Monsieur le maire y a même assisté. Donc, jour de congé n’égale pas systématiquement jour de repos.

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séance de contes à Blanzy

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En pleine action!

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En discussion avec Monsieur le maire

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Une conteuse québécoise à Blanzy

le plan B

Qui se nourrit trop d’attentes risque de mourir de faim.
Proverbe danois

 

Et si ça ne se passait pas comme prévu …

 

On croyait rapidement remonter le tandem à la sortie de l’avion et sortir du territoire de l’aéroport en milieu de matinée. Mais c’était sans compter tout le bazar à l’aérogare. Alors, ça n’est pas arrivé.

On croyait se rendre à Paris dès la première journée via le canal de l’Ourcq. Mais c’était sans compter sur tout le stress et toute la fatigue qui nous sont tombés dessus. Alors, ça n’est pas arrivé.

On croyait passer 2 jours à visiter Paris en touristes. Mais c’était sans compter qu’il fallait modifier notre horaire pour respecter notre corps et trouver de nouveaux endroits où coucher. Alors, ça n’est pas arrivé.

On croyait sortir aisément des banlieues du sud parisien. Mais c’était sans compter sur les montées, les descentes, les multiples chicanes sur les pistes cyclables, les détours, les routes qui n’en finissent plus de serpenter. Alors, ça n’est pas arrivé.

On croyait que ce serait relativement facile côté vélo. Mais c’était sans compter sur le manque de sommeil, le relief pas aussi plat qu’on l’imaginait, les muscles qui se mettent à tressauter, le genou qui flanche et le souffle court. Alors, ça n’est pas arrivé.

On  croyait qu’à la mi-avril, il ferait chaud. Mais c’était sans compter sur les caprices de la météo qui nous a offert des 2°C la nuit et parfois pas plus de 10°C le jour. Alors, ça n’est pas arrivé.

On croyait avoir prévu des escales les premiers jours. Mais c’était sans compter sur tous les autres obstacles. Alors, ça n’est pas arrivé.

 

Mais les rencontres, fortuites ou planifiées, ont été au rendez-vous. Le soleil aussi, malgré le froid et la pluie. Les champs jaune lumineux de colza, les vieilles églises et les vieux châteaux, les petits villages charmants, l’accueil souriant des Français et le chemin qui se trace. Le moral aussi, avec les chansons impromptues d’Étienne et avec la joie de vivre intensément ensemble. Et la gratitude, avec la conscience de cette vie si pleine et de tous ces possibles qui surviennent au hasard des détours. Et puis l’antidote aux attentes, c’est de laisser venir la vie. Parce qu’au final, il y a toujours … un plan B!

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Château de Sully-sur-Loire

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Étienne devant un champ de colza

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Pont-canal de Briare

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Canal latéral de la Loire

 

passage éclair dans Paris

Mercredi le 20 avril, nous sommes passés dans Paris avec le vélo chargé. Étienne a fait le touriste : voici ses photos.

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Canal St-Martin

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Péniches sur la Seine

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Le tandem sur le bord de la Seine

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La tour Eiffel

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Détail de la cathédrale Notre-Dame

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Cathédrale Notre-Dame

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Détail de la cathédrale Notre-Dame

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Les bords de la Seine. Oups! Le dessus d’une sacoche dépasse!

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Place de la Bastille

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Station de métro parisienne

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Toujours le canal St-Martin!

P.S.: Les photos ont été insérées automatiquement. L’ordre est donc aléatoire.

de l’aéroport jusqu’à Paris

Arrivés à l’aéroport à 8h30 lundi matin, nous sortirons de son territoire à 12h30, soit 4 heures plus tard. Entre temps, il y aura eu le passage par l’immigration, la récupération des bagages et du tandem, les demandes d’information quant à la façon de sortir de l’aérogare à vélo (personne n’a été en mesure de nous informer), beaucoup de temps pour remonter le vélo et remettre les bagages en mode vélo, la grande vigilance pour éviter de se faire voler, un colis suspect et les gendarmes qui nous obligent à nous déplacer,sinon ils nous menacent de nous verbaliser pour 450 euros  (traduction : nous donner une contravention de 700 dollars), afin de sécuriser la zone alors que nos bagages et nos outils sont éparpillés sur le sol, la recherche d’une façon sécuritaire de sortir de l’aérogare, l’abandon de l’espoir d’en trouver une et donc, la lancée sur les voies réservées aux automobiles jusqu’à rejoindre les routes moins achalandées de l’aéroport. Direction le nord-est, plutôt que le sud-ouest, afin d’éviter les voies rapides qui rentrent dans Paris. Grand détour par de petites routes départementales jusqu’à Claye-Souilly où nous rejoignons le canal de l’Ourcq et sa piste cyclable qui mène directement à Paris. C’est là que, exténués par une très courte nuit, les cuisses et les fesses fatiguées par leur première randonnée de la saison et lessivés par tout le stress subi à l’aéroport, nous décidons de nous arrêter à Villeparisis, une bourgade à environ 25 km de Paris. Étienne tombe de sommeil vers 18h15 et ne se réveillera qu’à 10h00 le lendemain. Mardi, belle randonnée le long du canal de l’Ourcq où nous rencontrons Roland, un cycliste belge parti de Namur 5 jours plus tôt et qui rejoindra les Pyrénées dans quelques semaines. C’est lui qui nous donne les coordonnées de la chouette auberge de jeunesse où nous dormirons le mardi soir après être entrés dans Paris par le parc de la Villette. Ça y est, on peut véritablement amorcer notre périple de Paris à Istanbul.

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Arrivés à l’auberge de jeunesse de Paris

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Entrée dans Paris par le parc de la Villette

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Cygne nous accueillant sur les bords du canal de l’Ourcq

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Pause à l’ombre d’une église médiévale

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Belle balade bordée d’arbres et tout près de Paris

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Le long du canal de l’Ourcq

le grand départ

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138 jours à vélo avec tout ça et seulement ça!

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chargés comme des mulets, nous faisons un essai routier

Des papillons dans chacun de nos gestes. Au coin des yeux, un peu de tristesse. Un élan fou au creux du ventre. La tête projetée vers l’avant. Nos rêves nous espèrent. Allons en route!

itinéraire

Ce n’est pas le paysage qui est petit, c’est la fenêtre par laquelle on le regarde.

proverbe tibétain

 

Nous arriverons à Paris le 18 avril 2016. Après quelques jours, nous prendrons la direction d’Orléans en bord de Loire. D’Orléans jusqu’à Constanta en Roumanie, nous suivrons une route cyclable européenne balisée l’EuroVelo 6 qui suit les cours des fleuves: Loire, Doubs, Rhin et Danube. Par la suite, nous rejoindrons Istanbul en Turquie en passant par la Bulgarie, possiblement en partie en train et en partie à vélo. Retour à Montréal le 1er septembre 2016.

Voici des liens vers les différentes cartes illustrant notre parcours.

France

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1amHhNn5cCW8zKSWZhqqlFu7BJs8&usp=sharing

Suisse et Allemagne

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1KT6cqvrfee21lT_aU7cKFm76aas&usp=sharing

Autriche et Hongrie

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1rsYm0uwJp3Xc-UpkvBESGIqsnl4&usp=sharing

Croatie, Serbie, Roumanie et Bulgarie

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1vWLuQW_EtWcbtw5P1UGRoRYFHJ0&usp=sharing

Bulgarie et Turquie

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1m6tQ_wFMmiU3CjMYPiNuESEU1nM&usp=sharing

ode au voyage à vélo

texte écrit le 19 février 2014 lors d’un périple au Vietnam et au Laos

 

Le premier coup de pédale soulève l’enthousiasme. Le second libère les tensions. Tous les autres qui suivront n’auront de but que de nous poser sur notre trajectoire. Sur notre vélo, c’est là que nous nous sentons bien, à notre place. Pas immobiles, mais en mouvement, sur notre chemin. Le vélo nous donne des ailes.

Le vélo, par sa lenteur, s’accorde à notre rythme naturel. Il est l’antithèse, et l’antidote, de toutes ces technologies nous incitant à nous précipiter toujours plus vite vers l’avant, effaçant toute notion d’espace et de temps. Voyager à vélo inscrit le paysage et la durée du périple dans le corps. Cela rythme la journée, encadrant nos gestes dans une certaine routine et imprimant dans notre mémoire une multitude de petits moments. Notre corps exige sa part de lenteur. De mouvement, oui, mais sans hâte, sans grande vitesse. Permettant à nos sens de bien percevoir notre environnement, de s’y fondre.

Voyager à vélo nous donne accès à des endroits peu fréquentés. Étant maîtres de nos déplacements, nous prenons, quand bon nous semble, des chemins de traverse et visitons des sites historiques ou naturels éloignés des villes et des points d’intérêt du tourisme de masse. Une plage isolée n’attend que nos mouvements de brasse. Des ruines de temples Cham ou une petite pagode s’offrent à notre regard admiratif. Une promenade urbaine dans une petite ville ne demande qu’à être parcourue. Une place publique nous allèche avec tous ces étals de cuisine de rue. Et toutes ces petites routes qui nous appellent. Ainsi, en sortant de Quy Nhon, nous pédalons sur une route secondaire au bord de l’océan et du haut des côtes que nous grimpons, nous avons, en plongée, une superbe vue sur le littoral et sur la baie. Et nous avons quitté l’enfer de la route mandarine! Pour rejoindre Mui Ne à partir de Phan Ri, nous empruntons une route ensablée sous un soleil torride pour une vingtaine de kilomètres. Et pourtant, nous sommes enchantés de rouler entre les gigantesques dunes de sable et la mer. Dans le delta du Mékong, nous empruntons petites routes et allées en ciment. Nous nous faufilons sous la canopée des cocotiers et traversons de petits ponts de bois brinquebalants. Nous redevenons des enfants qui se prennent pour des explorateurs!

Voyager à vélo ouvre les portes de l’enchantement. Les sens en alerte, nous devenons présents à ce qui est en nous et autour de nous, profitant de ce que le voyage met sur notre chemin. Au fil des coups de pédale, nous roulons au niveau de la vie qui grouille et que nous côtoyons de village en village. Nous sommes les témoins privilégiés de tous ces gestes si vivants. Et cette proximité est la passerelle vers la découverte, vers l’émerveillement. De plus, grâce à toutes les pauses quotidiennes nécessaires et non planifiées, nous nous immiscons dans ces communautés. Dans les gargotes en bord de route où nous dînons. Dans les marchés extérieurs de petits villages où nous nous procurons  fruits et pains. Dans tous ces petits magasins ouverts en façade où nous achetons de l’eau. Auprès des mécaniciens de vélo et de moto qui, grâce à leur compresseur, gonflent nos pneus. Devant les étals de banh mi dans les villages et devant les étals de fruits en bord de route en campagne. Dans ces petites villes où le soir venu, après avoir trouvé un hôtel, nous déambulons dans les rues et soupons sur le trottoir d’une délicieuse cuisine de rue parmi les Vietnamiens. Partout où nous roulons comme partout où nous nous arrêtons, nous avons l’énorme chance d’établir de vrais contacts, d’être en prise directe avec la vie.

Voyager à vélo permet des rencontres fortuites qui autrement n’auraient pas lieu. Tous ces motocyclistes qui ralentissent à notre hauteur et qui échangent quelques mots avec nous. Tous ces écoliers à vélo croisés à la sortie des classes. Tous ces gens qui, de leur domicile ou d’un commerce, nous saluent. Et tous ceux qui partent d’un rire contagieux en apercevant Étienne sur sa girafe, derrière Stéphane. Juste avant le col de Dai Lanh, l’orage menaçant, nous décidons de nous arrêter dans un resto de bord de route pour 2 heures, permettant un moment d’échange mémorable avec la famille qui tient le restaurant. Peu après Tam Ky, Quynh, une jeune fille sur son vélo électrique, se met à mon niveau et engage la discussion, se pratiquant ainsi pour une compétition d’art oratoire en anglais. Puis, elle nous conduit dans l’enceinte de son école secondaire et nous présente à ses camarades de classe. Un peu plus tard, lors de la même matinée, une vieille dame rencontrée devant un marché me prendra les mains et nous remerciera d’avoir parlé avec elle en anglais. À Van Gia, nous partageons un thé avec M. Dam, un professeur d’anglais, dans son petit salon. Dans le delta du Mékong, entre Long Xuyên et Rach Gia, nous pédalons sur une route , d’une soixantaine de kilomètres, longiligne et étroite. La chaussée est en mauvais état, sans accotement et avec un trafic dense de gros véhicules passant à 2 pieds de nous. Dans ces conditions, la deuxième crevaison en deux jours que nous venons de subir s’avère une bénédiction. Nous qui étions tendus vers la destination, appréciant peu le paysage et le chemin, cet arrêt obligé nous remet dans le moment présent. À peine avons nous démonté le pneu arrière du vélo de Stéphane sous l’ombre projetée d’un petit café familial que le père de famille s’amène avec sa pompe pour nous aider. Avec quelques mots de vietnamien et des mimiques éloquentes, Stéphane fera rire toute la galerie en tournant en dérision l’efficacité douteuse de notre mini-pompe. À la fin, famille et voisins s’étant joints à nous, une douzaine de personnes nous entoure. Voilà ce dont nous avions besoin: un moment de pure rencontre avec sourires, accueil et générosité. Nous repartons le coeur plus léger et plus à même de profiter du paysage que nous offre le grand canal que nous longeons avec sa navigation fluviale et les mille activités qui en découlent.

Voyager à vélo pousse au dépassement de soi. Dans l’effort physique et l’extrême vigilance exigés, certes, mais aussi dans l’idée d’aller au-delà de soi. Constamment, les opportunités de contact nous invitent à maintenir cette ouverture d’esprit face à l’autre, que nous n’avons de cesse de rencontrer.  Dans cet état allégé d’allégresse que procure l’effort de se déplacer grâce au travail de nos muscles, se manifestent curiosité, enthousiasme et désir de communiquer. Ne reste plus alors qu’à foncer, dans la spontanéité, dans cet élan de vie, vers ailleurs que soi.

Au tout début de notre périple à vélo, nous avions le souhait que le chemin nous fasse, nous défasse et nous refasse sans cesse. Voyager à vélo met en place les conditions nécessaires à ce que chaque jour soit l’équivalent d’un présent à déballer. Voyager à vélo nous place dans un état fébrile, à une perception près d’être emballés. Voyager à vélo ménage à chaque instant la possibilité d’être surpris, émerveillés ou bouleversés en autant que nous laissions le chemin se dérouler sous nos roues et en nous.

Voyager à vélo, c’est vivre intensément!

de Paris à Istanbul 2016

Le voyage est un retour vers l’essentiel.

proverbe tibétain

 

12

De Paris à Istanbul

près de 5000 km à vélo

pendant 4 mois et demi

une mère et son fils,

une reine et son fou,

une conteuse et son gourou,

 

exploreront , en pédalant en harmonie sur un tandem, des coins de pays en France, en Suisse, en Allemagne, en Autriche, en Slovaquie, en Hongrie, en Croatie, en Serbie, en Roumanie, en Bulgarie et en Turquie; des coins de pays réels mais aussi des coins de pays fantasmés sortis tout droit de leur imaginaire débridé.

 

De Paris à Istanbul

près de 5000 km à vélo

pendant 4 mois et demi

une mère et son fils,

une reine et son fou,

une conteuse et son gourou,

 

s’arrêteront au hasard des rencontres ou grâce à des amis d’amis ou à des réseaux d’hospitalité chez des gens (peut-être vous) pour discuter, pour apprendre les uns des autres, pour prendre le temps de vivre et de rêver ensemble, et pour la conteuse pour partager des contes, et pour le fou pour offrir sa présence pétillante.

 

De Paris à Istanbul

près de 5000 km à vélo

pendant 4 mois et demi

une mère et son fils,

une reine et son fou,

une conteuse et son gourou,

 

vous rapporteront ici leurs émois, leurs étonnements, leurs réflexions et leurs découvertes; vous révéleront pas à pas, ou coup de pédale après coup de pédale, la route qui se profilera sous leurs deux roues, le chemin qui s’inscrira en eux.