Un Québécois croisant un voyageur à vélo lui souhaite « Bonne route ! » Un Français lui souhaite « Bon courage ! » Est-ce une question de perception de l’ampleur du périple ? Un regard différent sur l’effort, la persévérance ? Est-ce le doute en la capacité de l’autre ou un reflet de ses propres limites? Ou est-ce une grande candeur envers toute entreprise, une pensée magique, l’idée, très américaine, que tout est possible ? Sky is the limit. If you can dream it you can do it.
Est-ce que l’ébahissement précède le doute ? Est-ce que la naïveté pave le chemin de la confiance? Aurions-nous besoin de courage ? Nous ne le croyons pas. Les petites déceptions et les coups de découragement sont passagers. Kilomètre après kilomètre, la motivation, le plaisir et la fierté sont au rendez-vous. Et nous ne doutons pas. Ni d’arriver à destination ni de persévérer jour après jour. Aurions-nous besoin d’une bonne route? Certes, nous avons roulé sur des voies cyclables en bitume et sans grand relief ainsi que sur de petites routes communales paisibles. Mais nous avons aussi tracé notre chemin sur des bandes cyclables urbaines n’ayant de cesse de louvoyer, de monter et de descendre ; sur des routes départementales étroites et fort achalandées où les voitures ralentissent peu ou pas du tout ; sur des rues qui rétrécissent dans les villes et les villages grâce (!) à des petits terre-plein de ciment et où les véhicules qui décidaient de se frayer un passage malgré notre présence, nous effleuraient presque ; sur des chemins de halage herbeux, boueux ou plein de cailloux. Mais est-ce à dire que ce sont là de mauvaises routes ? Tant que nous avançons, peu importe l’état de la route, les obstacles et les détours ; peu importe la faible cadence à laquelle nous avançons ; peu importe que nous glissions dans un grand trou de boue ; peu importe que nous descendions du tandem et que nous le poussions pour monter une pente trop inclinée ou pour traverser un passage trop glissant ; peu importe si nous n’arrivons pas à l’escale prévue ; peu importe que nous nous égarions ; nous sommes sur notre route.

Belle voie cyclable en bord de Saône

Chemin de halage herbeux
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